« Démarrer dans la vie active, ça demande un certain revenu pour pouvoir se payer un logement, le permis… si tu n’as pas des parents qui suivent financièrement, tu es obligé de rogner sur certains projets. »
« Ma famille est pauvre, alors depuis que je bosse, je participe aux frais. Au final, ça a fait baisser les aides sociales que touchaient mes parents car on avait un revenu plus important…Du coup, mes parents
deviennent dépendants de mes revenus et je ne peux pas mettre de côté pour prendre un appartement ou m’acheter une voiture. Y’a pas de sortie possible de ces galères financières. »
Les raisons de la colère
- Une citoyenneté à deux vitesses
En France, la majorité civile est à 18 ans mais on a accès aux droits sociaux assez tardivement. Jusqu’à 25 ans, les aides aux familles sont généralement dirigées vers nos parents, et tiennent compte de leurs revenus, comme les bourses d’études par exemple. Dans d’autres pays, la majorité sociale est à 18 ou 20 ans.
- Des aides sociales trop faibles pour prendre son indépendance
Par ailleurs, le niveau des aides sociales que touchent nos parents est faible pour soutenir la famille et le jeune qui veut prendre son autonomie (formation, permis, logement…). Dès qu’un.e jeune qui habite chez ses parents commence à travailler, dans un système familialisé, les salaires du jeune sont intégrés dans les revenus du foyer et font baisser le montant des aides. Sur le principe, c’est normal, mais comment épargner pour préparer son départ dans ce contexte ?
- La jeunesse, classe d’âge malmenée
Contrairement à la période des « 30 glorieuses », l’étape de vie entre la sortie de la formation et l’installation dans un emploi pérenne peut durer 10 à 15 ans. L’âge moyen du premier emploi stable est désormais 28 ans. Il faut prendre en compte ces changements de société comme l’allongement des études et la précarisation du marché du travail qui touche plus particulièrement les jeunes. La précarité fait échouer des projets de vie et renoncer à prendre des risques intenables sans davantage de sécurité matérielle et financière.
- L’égalité des chances est un mythe
On n’est pas tous sur la même ligne de départ, l’égalité des chances est un mythe. En France, les inégalités de revenus se transmettent de génération en génération plus qu’ailleurs. En 2018, on considère qu’il faut six générations pour qu’une personne issue d’une famille pauvre atteigne le niveau de revenu moyen du pays, contre deux ou trois dans les pays scandinaves. Le taux de chômage moyen d’un.e descendant.e d’immigré.es est de 11,6% là où il est de 6.8% pour une personne sans ascendance migratoire. À niveau scolaire équivalent, trouver un emploi est plus difficile quand on habite dans un quartier pauvre : 28% des non diplômé.es des quartiers en difficulté sont au chômage, contre 16 % hors de ces quartiers.
L’horizon politique que nous défendons
01. Création à l’échelle nationale d’un revenu de solidarité à partir de 18 ans, qui permette de sortir de la pauvreté, ouvert sous conditions de ressources de la personne et sans contreparties.
02. Pour encourager l’Etat à créer ce revenu, développement d’expérimentations par les collectivités territoriales sur la mise en place de revenus jeunes, accessibles sur une durée longue et sans contreparties.
03. Revalorisation des revenus du travail réalisé par des jeunes. En particulier, les revenus perçus dans le cadre de la formation (stages, apprentissages), d’un service civique, ou des emplois de l’animation inférieurs au SMIC.
Sur la mise en œuvre de ces propositions, nous sommes attentif.ves à ce que l’accès à de nouveaux droits pour les 18-25 ans aille de pair avec l’amélioration des ressources des foyers les plus précaires.
Quelques unes de nos sources et ressources pour aller plus loin