Justice alimentaire

Depuis 2020, nous avons rencontré de nombreuses personnes qui vivent avec les minima sociaux ou de faibles revenus, dans les quartiers populaires ou dans les zones rurales. Nous les avons écouté, lors de temps collectifs en carrefours de savoirs ou lors d’assemblées citoyennes aux quatre coins de la France, nous parler de leur alimentation et de ce qu’elles estiment injuste de vivre aujourd’hui. Trois ans après nos premiers travaux, nous constatons que les premier•es concerné•es par la précarité alimentaire sont encore trop absent•es du débat public et ne peuvent exprimer ces injustices. Notre envie d’agir se nourrit du désir de porter ensemble une voix plus forte pour faire progresser le droit à l’alimentation

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Nous vivons une crise alimentaire et agricole qui nous encourage à changer de modèle !

La demande envers l’aide alimentaire augmente de façon massive, touchant de façon plus aiguë les personnes qui vivent avec les minimas sociaux, ou sans ressources, ainsi que de nouveaux publics (travailleurs•es pauvres, étudiant•es, retraité•es précarisé•es…). 3,5 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire en France en 2022, c’est l’équivalent des populations de Paris et Marseille réunies !

L’aide alimentaire actuelle s’appuie sur les produits du FEAD (Fond Européen d’Aide aux Démuni•es) et sur une logique d’utilisation des surplus défiscalisés de l’agro-industrie. Cette forme d’assistance a désormais montré son incapacité à fournir une alimentation de qualité suffisante, émancipatrice, adaptée aux conditions de vie, aux possibilités de conservation et de préparation des denrées, aux préférences et intolérances alimentaires, etc. La violence symbolique et matérielle dans les lieux de distribution s’est parfois installée et traduit bien l’impasse actuelle de cette réponse politique. Les premières victimes de la mal-bouffe sont les personnes les plus précaires, qui en payent le prix fort en terme de santé et d’espérance de vie. Elles sont confinées dans un rôle de lutte contre le gaspillage alimentaire, condamnées à consommer les invendus et les invendables de la grande distribution ou les produits de plus basse qualité sur le marché.

Pour celles et ceux qui peuvent continuer d’acheter leur nourriture, bien manger dans le contexte d’inflation que l’on connaît désormais est également devenu un parcours du combattant. Du fait de l’inflation, une personne sur quatre déclare avoir déjà sauté un repas faute de moyens, et une sur deux renoncer à certaines denrées pour des raisons financières.

Une approche par le droit est indispensable pour sécuriser et reconquérir notre alimentation !

Le droit à l’alimentation est défini par les Nations Unies comme « le droit d’avoir un accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit aux moyens d’achats monétaires, à une nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur, et qui assure une vie psychique et physique, individuelle et collective, libre d’angoisse, satisfaisante et digne ». Ce droit, qui dépasse l’accès à une ration minimum de calories, n’est pas pas effectif en France et n’est pas transcrit dans notre législation. 

En tant de citoyens et citoyennes d’une démocratie, nous avons le droit, et parfois le devoir, de nous mobiliser pour alerter, interpeller ou proposer des solutions aux problèmes rencontrés sur nos territoires et au quotidien. Nous pouvons mettre en oeuvre la démocratie alimentaire comme levier d’un changement essentiel et urgent.

Se mobiliser avec les personnes concernées par la précarité alimentaire !

Force est de constater qu’aujourd’hui, les projets alternatifs sont souvent issus et portés par la part militante et convaincue de la population, et rencontrent parfois difficilement les problématiques concrètes des personnes qui vivent la précarité alimentaire. Il y a un enjeu tout particulier à faire entendre les voix des personnes prioritairement concernées par les effets délétères de notre système agro-alimentaire, et à mobiliser un mouvement social de grande ampleur en partant de leurs constats et de leurs vécus. Nous affirmons qu’il n’y a pas de justice sociale sans redistribution des ressources, mais pas non plus sans reconnaissance des contributions de tous et toutes pour faire changer les choses. Cette reconnaissance passe par l’écoute de celles et ceux qui aujourd’hui ont peu voix au chapitre.

Il ne s’agit plus de cibler des individus comme bénéficiaires de politiques publiques, mais de les intégrer dans la recherche et la mise en œuvre des solutions. Que ce soit à l’échelle d’un point de distribution alimentaire, dans la mise en place d’un nouveau réseau local de paniers solidaires ou dans la création d’une expérimentation de caisse commune de l’alimentation, les bénéficiaires doivent prendre place à table !

Notre horizon 2024-2025

AequitaZ souhaite organiser – avec des personnes vivant la précarité – des groupes, des projets, des rencontres et des assemblées pour défendre ensemble une alimentation choisie et de qualité. Nous voulons faire notre part en 2024, en animant deux collectifs à Grenoble et dans le Val de Drôme. A travers ces collectifs, nous croyons qu’il est possible de dépasser la fatalité (« ça ne sera jamais autrement« ), d’enquêter sur ce que l’on vit, d’explorer le paysage alimentaire autour de nous, et de proposer résolument des changements. Pour penser ensemble un approvisionnement de proximité et de qualité, et une agriculture soutenable et solidaire, il nous faut passer du temps avec les gens, construire de nouveaux récits qui lient alimentation et agriculture.

Les propositions issues de ces travaux pourraient être partagées et mise au débat au cours d’assemblées citoyennes de l’alimentation, visant à construire une complicité ou interpeller les pouvoirs publics et les institutions locales en partant des réalités de terrain. Nous croyons que ce levier peut contribuer à installer durablement et sur le plan politique l’enjeu de l’alimentation sur un territoire. L’assemblée citoyenne se veut un espace autonome et complémentaire des plans locaux portés par les collectivités.

Nous souhaitons également contribuer à nourrir, en alliance avec d’autres, un plaidoyer local et national pour un droit à l’alimentation. Nous sommes, dans la suite de l’expérience de Territoires à VivreS, membre de Carav’Alim, un processus citoyen d’éducation populaire pour un droit à l’alimentation. Nous souhaitons notamment par ce mouvement, rejoindre davantage le cercle des organisations de lutte contre la pauvreté : associations de lutte contre la pauvreté ou d’accueil de personnes vivant à la rue, mouvements étudiants, solidarité intergénérationnelle, accueil des personnes en migration, etc… Par ailleurs, à AequitaZ, nous partageons le projet de sécurité sociale de l’alimentation, qui est aujourd’hui la proposition systémique la plus puissante pour transformer nos modèles alimentaires et agricoles. Nous portons un intérêt à construire ensemble les espaces démocratiques incluant les personnes concernées capables de porter des projets locaux d’expérimentations.

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