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« Je souhaite que l’école nous fasse devenir qui on est vraiment ». Retour sur le PLJ 2019 en Rhône Alpes

24 janvier 2019

Un récit à la première personne : Fabrice, co-animateur du Parlement des Jeunes de Rhône Alpes 2019, partage son vécu et rapporte des paroles de jeunes entre révolte et espoir.

Vendredi 30 novembre 2018, 17h, à 5 dans un minibus, le coffre plein de victuailles, de duvets, de matériel en tous genre, nous nous connaissons à peine et voilà qu’au détour d’un virage, nous sommes bloqués dans la neige. En haut du col de Menée, entre Drôme, Vercors. Apparaît alors, sorti de nulle part, en short et grosses chaussures de ski, un gars qui nous propose son aide, monte dans le camion, nous sort de l’ornière. La péripétie donne pour moi le ton du week-end qui va démarrer dans quelques heures à Monestier de Clermont : des rencontres improbables et de l’entraide.

Le lendemain matin, rassemblés devant le centre qui nous accueille, nous sommes une centaine. Les trois-quarts des présents ont moins de 30 ans. Elles et ils s’appellent Hadjer, Keum, Édith, Smaïn, Priscille, Tim, Fantille, Moussa, Rita, Iklas… Ils viennent de Clermont, Saint-Priest, de Valence, de l’Ain. Moi, je fais partie des plus de 30 ans. Je m’appelle Fabrice et vient de Saint Donat dans la Drôme. Je co-anime ce Parlement 2019.

On démarre avec un conte qui parle de hibou, de puits et de vent, et puis chacun déclame ses rêves et ses colères : « Pourquoi suis je seulement toléré et pas accepté alors que je suis français »,  « En colère pour m’être faite insultée parce que je suis une femme au volant », « En colère car la démocratie ne donne pas le pouvoir au peuple », « Je rêve que l’école nous fasse devenir qui on est vraiment »

On a nos thèmes de travail pour l’après midi : Et moi dans la démocratie ? , Stéréotypes et Amalgames, Orientation scolaire, La place du travail dans nos vies, Égalité Hommes femmes, Écologie et respect de l’environnement, La condition des personnes fragiles. On va pouvoir passer à l’étape d’après : partager nos expériences, analyser ce qui fait problème, réfléchir à des propositions.

Je co-anime le groupe sur les stéréotypes et amalgames, et je suis sidéré par ce que racontent les jeunes de leur expérience. Moussa qui arrive à  la Maison Familiale et Rurale et à qui on demande de but en blanc : « Pourquoi t’es noir ? », les insultes publiques subies par Iklas parce qu’elle porte le voile, Des jeunes indignés car une vendeuse demande au vigile de les surveiller, « ceux là » (parce qu’ils sont jeunes avec capuche sur la tête).

Il y a certes de la colère, du fatalisme, mais il y a aussi l’envie de changer les choses… Ils disent que c’est important d’avoir un espace pour le raconter et de se sentir entendus. Et aussi pour comprendre pourquoi ces injustices, ces discriminations existent ou perdurent? On cherche les causes, on invente des propositions pour que ça change, pour rallier d’autres personnes qui partagent nos préoccupations.

Le dimanche matin, c’est le moment où chaque groupe présente ses propositions de manière ludique, théâtrale : c’est beau, poétique, drôle, intelligent.

On veut installer des cendriers en ville, redonner la parole aux citoyens entre deux élections, écrire une « charte absurde » du travail auprès des personnes âgées [pour questionner le fonctionnement de certains établissements], débattre avec des élus départementaux et régionaux de la place du travail dans nos vies, ouvrir des hébergements d’urgence pour les familles, faire venir des intervenants du monde professionnel dans les établissements scolaires pour présenter des filières, créer une vidéo pour dénoncer les stéréotypes…

A la fin du week-end on repart avec de l’énergie : « Je ne suis plus le même après ces deux jours ». On repart aussi avec de nouvelles connaissances « j’ai rencontré ici des gens que je n’aurais jamais rencontré dans ma vie de tous les jours », avec des questionnements et de l’impatience « j’espère que ça ne va pas s’arrêter là, qu’on va pouvoir faire des choses concrètes »

Le parlement libre des jeunes ne dure pas que le temps d’un week-end : des groupes locaux vont se retrouver pour mettre en œuvre les propositions faites sur les questions de démocratie, d’écologie, de lutte contre les stéréotypes. Et puis au niveau régional nous allons nous retrouver pour continuer sur la proposition qui a recueilli les plus de votes des parlementaires : «Comment faire pour casser les inégalités et révéler les talents dans l’orientation scolaire ?»

De retour en Drôme, en ce début 2019, j’ai croisé Rita, et elle me dit :  » j’ai fait ma liste de mes top moments de 2018 et j’ai mis le parlement en tête de liste ». Je n’avais pas encore fait la mienne, mais ce sera un point commun entre nous deux.

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