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Chômage et solidarités : regards croisés France / Sénégal

3 mai 2019

Le groupe Boussole de Chambéry a été sollicité pour partager son expérience auprès de 3 sénégalais de Casamance, en visite en Savoie sur le thème de l’économie locale et de l’insertion professionnelle. Cet échange est organisé par Pays de Savoie solidaires, dans le cadre de la coopération décentralisée du département de la Savoie avec la commune de Bignona. Nous avons répondu présent pour un échange nourri autour de la place de l’emploi, de l’argent et des solidarités dans nos vies ici et là-bas.

Faire se rencontrer et partager des personnes aussi éloignés géographiquement et culturellement en quelques heures, c’est toujours un pari… nous avons essayé de nous raconter les uns aux autres, apportant éclairages, exemples, situations vécues qui nous ont permis de voyager, de nous décentrer, de regarder le monde au travers d’autres lunettes. Gabriel, membre du groupe Boussole, a partagé son récit à l’issue de la rencontre :

 » Je suis heureux d’avoir pu échanger avec les Bignonois sur l’emploi au Sénégal et en France. J’ai eu l’impression que le collectif était très présent là bas que ce soit l’entraide dans la famille élargie, les groupes et fêtes régulières entre ressortissants d’un village quand on réside à la capitale ou une classe d’age en campagne. Comme il n’y a pas de filet institutionnel (allocations chômage, RSA), l’entraide provient davantage de l’entourage qui fournit un toit, à manger et surtout des relations sociales, soutien que l’on a peut être en grande partie perdu par ici. C’est probablement le pendant d’une assurance nationale solide mais qui du coup est plus impersonnelle en France.

L’accès à l’emploi semble fonctionner beaucoup sur les relations et les recommandations pour trouver un emploi. Ils nous ont raconté qu’une des premières questions que l’on pose à un nouveau venu c’est « qui te recommande? ». L’emploi formel est aussi beaucoup plus rare. La personne ayant un emploi formel subvient aux besoins de beaucoup d’autres, qui contribuent quand même, mais plutôt par des petits boulots ou bien par d’autres types de tâches qui aident la vie quotidienne. Ils nous ont raconté que souvent l’important c’était de participer. Du coup, on se dit que les activités rémunérées et non rémunérées peuvent sans doute plus facilement coexister, que dans notre société du travail exclusivement marchand ». 

Cette rencontre nous a permis de poursuivre nos explorations autour de la place de chacun dans une société solidaire, des activités qui peuvent être rémunérées (salariées ou non) ou simplement prendre soin de nos concitoyens. Nous avons pu pointer l’enjeu de la reconnaissance de la contribution de chacun, mais aussi la mise en place de politiques publiques qui produisent de la justice pour tous. Le Sénégal, tout comme la France, sont sur ce chemin et dans la recherche de cet équilibre.

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